L’objectif du projet HADoC est de comprendre le rôle du changement climatique dans la distribution des ancêtres de l’Homme entre 25 et 1,8 millions d’années (Ma). Pour cela, une équipe multidisciplinaire travaille en croisant les informations obtenues à partir des modèles de climat et de végétation, et des données paléoenvironnementales et paléontologiques.
La période étudiée dans le cadre du projet HADoC s’étend de 25 à 1,8 millions d’années. Les chercheurs vont se concentrer principalement sur le Néogène qui est divisé en deux époques géologiques: le Miocène (de 23 à 5 millions d’années) et le Pliocène (de 5 à 2,5 millions d’années). Des focus vont être réalisés sur certains moments clés de cette période (20 Ma, 16Ma, 13Ma, 7Ma) dans le but de comparer les simulations climatiques et environnementales qui reproduisent les conditions climatiques et environnementales passées par ordinateur avec les données fossiles existantes.
Le projet HADoC entend tout d’abord déterminer si le climat a été l'un des principaux facteurs de la dispersion des grands singes (hominoïdes). Ceux-ci sont apparus en Afrique il y a 25 millions d’années. Ils vivaient dans les forêts tropicales et subtropicales et se nourrissaient de fruits. Alors que le Néogène est une période de refroidissement, les grands singes ont profité d’un épisode de réchauffement, entre 17 et 15 Ma, appelé l’optimum climatique du Miocène moyen qui a permis l’expansion de leur habitat et leur dispersion hors d’Afrique. Ils ont alors rejoint l’Europe Centrale, l’Asie et enfin l’Asie du Sud-Est durant le Tortonien (entre 11 et 7 Ma). A cette époque, l’évolution du climat est influencée par la tectonique qui conduit notamment à la fermeture de la mer Tethys et à l’élévation du plateau tibétain.
La possible « saga des grands singes » depuis leur apparition en Afrique jusqu’à leur arrivée en Asie du sud est.
Le projet Hadoc a également pour objectif d’analyser l’influence des oscillations entre les conditions humides (Sahara vert) et sèches (Sahara jaune) sur la distribution des homininés en Afrique entre 7 à 1,8 Millions d’années. En effet, une fois la mer Téthys disparue, la variation des paramètres astronomiques de la Terre a eu beaucoup d’influence sur le climat dans le nord du continent africain. Cette plus grande sensibilité s’est traduit par des passages d’un « Sahara Vert » à un « Sahara Jaune », ce qui a eu un impact sur l’extinction des grands singes en Europe et sur le développement des homininés et leur répartition en Afrique.
Les modélisateurs du climat vont donc s’employer à reproduire les conditions climatiques sur Néogène, en intégrant notamment les effets de la tectonique. Ils vont estimer les endroits où pouvaient vivre les grands singes et les homininés puis comparer ce qui est fourni par les modèles avec les données fossiles existantes.
Au commencement était l’homme, Pascal Picq, Odile Jacob